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cation ; nous ne l’avons pas : voyons autre chose. Les emplois civils ? Ils sont encore recherchés par quelques pauvres diables, et chacun se croit assez de talent pour les remplir s’il trouve assez de crédit pour les obtenir. Mais il n’y a que des emplois subalternes pour les hommes de peu, comme nous. Je puis devenir chef de bureau à force de protections ; mais si je veux monter plus haut, il faut absolument changer d’habit. Prétendrons-nous aux grandeurs militaires ? Tous les plébéiens de Rome se mettraient à rire s’ils entendaient une pareille proposition. Nous aurons tout un chapitre là-dessus. Quel parti prendre ? La littérature ? Néant. Le barreau ? La médecine ? Beaucoup de sujétion et peu d’avenir. L’enseignement ? Regarde comme tu es vêtu, mon pauvre homme ! Ton habit est trop court, au moins d’un pied et demi. Mais le commerce ? On y gagne sa vie. L’agriculture ? On y fait fortune, pourvu toutefois qu’on apporte des capitaux. Or l’immense majorité des plébéiens romains possède le capital du Juif-Errant : cinq sous dans la poche. Tout bien considéré, ils font tous comme la vieille femme dont je vous parlais l’autre jour : ils se passent de dîner, et ils portent l’argent à la loterie. Leur jetterez-vous la pierre ? Moi, je n’aurai jamais ce cœur-là.


Quelques voyageurs chagrins ont déclamé contre le peuple qui joue et surtout contre le gouvernement qui donne à jouer. On trouve mauvais qu’un pouvoir entouré de tous les respects de l’univers spécule sur les vices de ses sujets. Laissez-moi réfuter cette criaillerie.