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en souverain mépris. Leur délicatesse un peu émoussée ne fait pas fi d’une escroquerie habile, d’une concussion publique ; mais le vol proprement dit les révolte. Essayez de crier au voleur ! dans les rues de la ville. Qu’un habitant du quartier des Monts (il y en a beaucoup qui ne valent pas cher) s’amuse à dérober un mouchoir de dix sous, la foule lui courra sus avec un acharnement incroyable. Que serait-ce donc s’il avait tué avant de faire son coup ? On l’assommerait sur place, n’en doutez pas un instant.


J’ai sous les yeux la liste de deux cent quarante-huit assassinats commis dans la ville, entre 1850 et 1852. Sur cette multitude de crimes, il y en a juste deux qu’on explique par le vol. Le reste est venu à la suite de discussions de vanité ou d’intérêt, de rivalités en amour, de querelles au jeu, de propos injurieux échangés après boire. La violence du sang, du vin et du printemps a fait les neuf dixièmes du mal.

Pour la plupart des cas qui ont amené ces coups de couteau, un Français aurait donné un coup de poing, un coup d’épée, ou une assignation en justice. Ni les coups de poing, ni les duels, ni les procès ne plaisent au peuple de Rome. Les coups de poing ne marquent pas assez profondément la supériorité du vainqueur ; le duel expose le bon droit à périr ; la longueur des procédures et la vénalité de presque tous les juges inspirent aux citoyens l’horreur des procès. Tout s’arrange à coups de couteau, même les affaires de famille. Je trouve à la même page un