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ACTE I, SCÈNE VII.

chère, c’est lui qui me suivait depuis des siècles, et il nous offre un déjeuner de prince. (Elles ramassent les tessons.)

RISETTE.

Et tu as accepté ?

ÉVELINA.

Tiens ! tu n’as peut-être pas faim, toi ?

RISETTE.

Si Gigonet savait ça ?…

ÉVELINA.

Gigonet ! ça lui est bien égal que j’aie l’estomac dans les talons.

ANTONIN, descendant entre elles.

On parle bas ! je parie qu’on dit du mal de moi !

ÉVELINA.

Ah ! monsieur, nous avons trop de galanterie… (Elle porte les tessons dans le placard.)

RISETTE, sèchement.

Les verres sont dans l’armoire, monsieur ; il y en a un petit et un grand à pied, sans pied. (Il va les chercher.)

ÉVELINA, revenant.

Tu n’es guère gentille avec lui…

RISETTE.

Et toi tu l’es trop, sans seulement savoir qui il est.

ÉVELINA.

Ma chère, quand un homme paye à déjeuner, il est de bon goût de ne pas lui demander ses papiers.

RISETTE.

Tu es ta maîtresse, ma chère ; mais moi, je n’en suis pas, du déjeuner.

ÉVELINA.

Ne t’en va pas ! c’est du dernier mauvais ton !

RISETTE.

Tant pis !

ANTONIN.

Mesdemoiselles, le couvert est mis. Ne faisons pas attendre les côtelettes aux cornichons.