Page:About - Risette, ou les Millions de la Mansarde.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
ACTE I, SCÈNE II.

ÉVELINA.

Il y avait des billets de mille dedans ?

RISETTE.

Nous comptions bien en trouver deux ou trois ; mais nous comptions sans notre oncle. Il nous demandait cinq cents francs.

ÉVELINA.

Envoyer de l’argent en Californie, cette bêtise !

RISETTE.

C’est pourtant ce que fit mon père ; il était si bon ! il arriva sur ces entrefaites que mon frère se vendit et nous laissa le prix de son engagement. On envoya les cinq cents francs à mon oncle, et il jura que si jamais il gagnait une fortune elle serait pour la petite Louison ; c’est ainsi qu’on m’appelait.

ÉVELINA.

Louison ? Risette est bien plus comme il faut : on dit Rigolette, Polkette ; voilà comme on dit dans le monde. Eh bien ! cette fortune ne ferait pas mal de se dépêcher ; elle arriverait à propos.

RISETTE.

Voilà mon chapeau fini ; va le porter, on le payera peut-être.

ÉVELINA.

Vas-y toi-même ; c’est toujours moi qui fais les courses.

RISETTE.

Tu sais bien que je n’aime pas courir les rues. (Elle se lève et met son chapeau dans un carton.)

ÉVELINA.

Si l’on veut te manger, tu te mettras en travers.

RISETTE.

C’est si ennuyeux d’être suivie !

ÉVELINA.

Au contraire ! Tiens, depuis quatre jours il y a un jeune homme très comme il faut, bottes vernies, gants frais, qui passe ses journées à me guetter et à me suivre.