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une foule, une bataille, la nature, avant de nous montrer les individus, nous fait voir des masses d’hommes. La foule se modèle exactement comme une figure isolée ; elle a des traits généraux, une physionomie qui se dessine par des ombres et des lumières. Est-ce un paysage qui se déroule sous nos yeux, vous apercevez avant tout certaines grandes lignes qui sont les mouvements du pays, comme les bras étendus et la jambe levée sont les mouvements d’un homme. Une vallée entrevue par la portière d’un wagon peut s’ébaucher en quatre lignes, comme le couvreur qui tombe d’un toit. Si le train s’arrête, si vous descendez de voiture pour examiner les choses plus à loisir, vous verrez le terrain se modeler par masses d’ombre et de lumière.

Libre à vous d’entrer plus avant dans le détail des choses. Approchez de la foule au point de distinguer les traits des personnages. Établissez-vous dans le paysage assez longtemps pour compter les arbres de la forêt et les feuilles des arbres. Je n’y vois pas de mal, si toutefois vous vous souvenez de subordonner les détails à l’ensemble, si vous travaillez comme la nature qui nous montre la foule avant l’individu, la forêt avant l’arbre, l’arbre avant la feuille. Un beau dessin poussé jusqu’aux derniers détails est une œuvre parfaite : arrêté à mi-chemin, c’est déjà une belle ébauche. Léonard conduit le