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de la peinture ; mais tous les peintres ne sont pas des dieux. Mettez-en quatre devant une figure nue ou habillée, sous un beau rayon de soleil. L’un remarquera la quantité et la qualité de la lumière réfléchie par le modèle ; le second sera médiocrement frappé de la couleur, mais il attachera son attention aux masses d’ombre et de lumière qui dessinent les formes de l’objet ; un troisième, plus complet et mieux doué, saisira d’un seul coup d’œil la forme, la couleur, le mouvement, et le caractère de la figure que vous lui avez montrée ; le quatrième, excellent homme d’ailleurs, et à qui je ne veux aucun mal, s’écarquillera les yeux et ne verra pas grand’chose.

Le premier est coloriste par tempérament, le second est du bois dont on fait les dessinateurs ; le plus complet appartient à la famille des maîtres ; le dernier pourra devenir un peintre et obtenir des commandes, si ses parents l’ont mis dans un bon atelier, au lieu de lui faire apprendre les mathématiques.

Certains critiques à système vous représenteront le dessin et la couleur comme deux puissances égales et rivales, qui se disputent l’empire de la peinture, de même qu’Osiris et Typhon, Arimane et Oromaze, le mal et le bien, se disputaient autrefois l’empire du monde. Cette théorie manichéenne est en contradiction avec tous les faits connus ; elle donne à la cou-