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de Crimée, le Congrès de Paris, les scènes de l’inondation, sont les premiers objets qui frappent les yeux des visiteurs. Il était facile de prévoir que notre gloire et nos malheurs tiendraient une grande place dans l’exposition de peinture, et il ne fallait pas être prophète pour prédire une inondation de batailles et une bataille d’inondations. Au milieu des souvenirs de la Crimée, en face du maréchal Pélissier, une intention pieuse a placé la statue de Saint-Arnaud.

À droite et à gauche du salon carré, les salles se suivent et se ressemblent, au moins pour le premier coup d’œil. C’est une chose que les jeunes gens eux-mêmes peuvent avoir remarquée ; lorsqu’on entre dans une exposition de peinture, on se demande si l’on n’y est pas déjà venu. Les portraits qui se détachent çà et là sont aussi indistincts et aussi confus que les têtes mélangées qu’on voit dans une foule. Les paysages, les batailles, les intérieurs se fondent ensemble ; le regard nage dans une pâte de couleurs qui n’a rien de nouveau, et où l’attention ne s’accroche à rien.

Peu à peu la lumière se fait, le regard se pose. On commence à petits pas un voyage d’exploration tout parsemé d’heureuses découvertes. On retrouve les maîtres qu’on aimait ; on mesure ce qu’ils ont gagné ou perdu. On se refroidit un peu pour celui-ci ; on se réconcilie avec celui-là ; on lui sait gré de