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180 NOS ARTISTES

respire autour d’elle un parfum d’élégance vraie et vivante. Cette jeune femme , pour être en chair et en os, pour bien remplir ses habits, n’est ni moins gracieuse ni moins femme, ni moins séduisante. Elle se tient à une égale distance des fiénarolles de M. Hébert et des pachydermes femelles de M. Courbet.

La couleur de M. Stevens est aussi puissante que possible dans ce sujet gracieux. Le blanc des linges, de la cheminée, des gravures ; les rouges et les jaunes du châle, les bluets du chapeau , le velours vert du fauteuil, l’ébène du grand cadre, les cou- leurs du tapis de Smyrne composent un ensemble solide à force d’harmonie. On s’étonne de pouvoir lire distinctement dans un jour si sombre.

Chez soi est le meilleur spécimen du talent de M. Stevens. Je voudrais que le jeune artiste dérobât ce tableau à l’empressement des amateurs et qu’il le conservât dans l’atelier. Il est assez riche pour se donner ce luxe-là. Jamais il n’a rien fait de plus irréprochable ; jamais il n’a bu dans son verre un vin plus pur et plus généreux. Le dessin n’est pas celui de l'Erasme ou de l'Anna Bolena, mais il arrive à une correction très-suffisante.

L'Eté nous montre un autre intérieur moins clos, aussi doux, et habité par une presque aussi jolie personne. Mais je ne voudrais pas qu’elle coupât un citron dans la pose d’une danseuse de l’Opéra. Le théâtre représente une petite salle à manger de