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l’aimer ainsi ; mais la peinture n’est pas une affaire aussi personnelle.

Malgré tout, le pâté d’anguille de M. Willems est un mets délicat. Son unique modèle est une char- mante créature, fraîche comme un fruit. Sa robe unique est du plus beau satin blanc que le pinceau d’un Flamand ait jamais caressé. M. Willems peint la robe comme Terburg. Pour la tête et les mains, il s’en tient malheureusement au Delaroche.

Le misanthrope La Bruyère a dit assez brutale- ment : « Il faut juger les femmes en dehors de la toilette, comme on mesure le poisson entre tête et queue. » A ce compte, il resterait peu de chose à la jolie femme de M. Willems. Faiblement dessinée dans tout ce qu’elle montre, peinte mollement d’une touche timide et tiède qui s’affadit de jour en jour, elle habite un milieu où les perfections abondent. La facture de M. Willems est aussi prodigieuse que celle de M. Courbet. Si l’on priait l’un de peindre un mètre de satin pris chez le marchand, et l’autre de peindre un mètre de cailloux pris sur la route, je ne sais pas lequel des deux emporterait le prix. Ce n’est pas tout : M. Willems sait tourner l’étoffe en plis heureux ; il joint le bas d’une robe au par- quet d’un salon avec une perfection hollandaise ; il n’a pas son pareil pour mettre un fauteuil à son plan, pour accrocher un tableau à la muraille, pour assortir un mobilier du goût le plus exquis. Il est le