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difficiles se contenteraient de notre ordinaire, et le vin du cru est généreux.

Suivant la coutume établie depuis un siècle, nos artistes ont envoyé plus d’ouvrages que le Salon n’en a reçu. Il est de toute justice qu’on ne s’installe pas dans une maison sans l’agrément du propriétaire. Le jury chargé d’admettre ou d’exclure, et de remplir les fonctions de maître des cérémonies, se compose des membres de l’Institut. L’Institut jouissait de ce privilège il y a dix ans. Entre 1848 et 1857, il l’a partagé avec un certain nombre de connaisseurs et de critiques, et cette association n’a pas exercé sur nos progrès une influence sensible. L’Institut est dépositaire des traditions de l’art sérieux. C’est à lui qu’il appartient de réagir contre le mauvais goût du public et les fantaisies déraisonnables des artistes. La mode, qui gouverne tout, sans excepter l’opinion des critiques, ne trouve aucune prise sur des hommes nourris de l’antique et familiers avec les maîtres. Leurs talents sont de diverse mesure, mais ils n’ont qu’une mesure pour juger le talent d’autrui.

Je me souviens du temps où l’iniquité du jury passait en proverbe, et où le dernier barbouilleur de toile se croyait victime de la jalousie de l’Institut. Ces doléances bruyantes ont été pendant plusieurs années une des formes de l’opposition : nous ne les entendons plus aujourd’hui. Le jury de 1857 ne