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NOS ARTISTES

lade : il n’a pas même pu assister aux délibérations du jury. M. Riesener est malade aussi depuis la décision du jury. Deux ou trois peintres brillants boudent la critique et ne veulent plus livrer leurs tableaux à la discussion des hommes. Les expositions lucratives de la rue Laffitte et les succès de l’hôtel Drouot nous ont privés de plusieurs toiles qu’on aimerait à voir aux Champs-Élysées. La mort a pris sa part ; elle a eu ses expositions, qui font tort à la nôtre. Roqueplan, Chassériau, Delaroche, viennent d’obtenir leur dernier succès, qu’ils n’ont pas vu. Ziégler, David, Rude, Simart, Gayrard, soldats morts entre deux batailles, n’enverront plus rien au Salon.

Et cependant le monde marche ! Et si vous voulez bien me suivre où je vous conduis, je me fais fort de vous prouver que le progrès ne s’arrête pas au seuil des Beaux-Arts. Les amateurs que l’été a laissés à Paris assisteront à un spectacle intéressant. Des lutteurs que nous avions crus fatigués reviennent, frais et dispos, remplacer ceux qui se reposent. De grands talents, gâtés par des défauts qui semblaient incorrigibles, se sont dépouillés de leurs imperfections et de leurs ridicules, comme d’un masque de carnaval. Des jeunes gens pleins de hardiesse et de confiance, souriant au premier rayon de leur gloire naissante, réclament les places que la mort a laissées vides, et succèdent aux maîtres qui ne sont plus.