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l’oncle et le neveu. 83 w ï

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marteau sur la tète d'un étourdi ne fera pas notre rl fortune ? » Le bonhomme se boucha l’oreille ; mais cette oreille était si large, si ample, si noblement évasée en forme de conque marine, que la petite voix subtile et persé¬ vérante s’y glissait toujours malgré lui. La maison de la rue de Charonne fut confiée aux soins du contre- lir maître ; l’oncle prit ses quartiers d’hiver dans le bel appartement de son neveu. Il dormit dans un bon lit, et s’en trouva bien. Il s’assit à une table excellente, et les crampes d’estomac dont il se plaignait depuis nombre d’années furent guéries par enchantement. Il fut servi, coiffé, rasé par Germain, et il en prit l’ha¬ bitude. Peu à peu il se consola de voir son neveu malade ; il se fit à l’idée que François ne guérirait peut-être jamais. Tout au plus s’il se répétait de temps en temps, par acquit de conscience : « Je ne fais tort à personne ! »\t* Au bout de trois mois, il s’ennuya d’avoir un fou au ogis ; car il croyait être chez lui. Le perpétuel radotage de François et sa manie de demander Claire en mariage lui parurent un fléau intolérable : il réso¬ lut de faire maison nette et d’enfermer le malade chez M. Auvray. Après tout, se disait-il, mon neveu sera mieux soigné et je serai plus tranquille. La science a reconnu qu’il était bon de dépayser les fous pour les distraire : je fais mon devoir. » C’est dans ces pensées qu’il s’était endormi lors-