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l’oncle et le neveu.\t77 amollir des rochers, assez brûlants pour fondre la glace ; mais aucune femme ne lui sut gré de ces aspi¬ rations muettes : il faut vouloir pour être aimé. La différence est grande entre le désir et la volonté, le désir qui vogue mollement sur les nuages, la volonté qui court à pied dans les cailloux; l’un qui attend tout du hasard, l’autre qui ne demande rien qu’à elle- même ; la volonté qui marche droit au but à travers les haies et les fossés, les ravins et les montagnes ; le désir qui reste assis à sa place et crie de sa voix la plus douce : .... Clocher, clocher, arrive, ou je suis mort! Cependant, au mois d'août de cette année, quatre mois avant de lier les bras de son oncle, François avait osé aimer en face. Il avait rencontré aux eaux d’Ems line jeune fille presque aussi farouche que lui, et dont la timidité frissonnante lui avait donné du courage : c’était une Parisienne frêle et délicate, pâle comme un fruit mûri à l’ombre, transparente comme ces beaux enfants dont le sang bleu coule à ciel ou¬ vert sous l’épiderme. Elle tenait compagnie à sa mère, qu’un mal invétéré (une laryngite chronique, si je ne me trompe) condamnait à prendre les eaux. Il fallait que la mère et la fille eussent vécu loin- du monde, car elles promenaient sur la foule bruyante des bai¬ gneurs un long regard étonné. François leur fut pré¬ senté à l’improviste par un convalescent de ses amis