76\tl’oncle\tet\tle\tneveu. merce, d’industrie, d’agriculture et de littérature, et il jugeait sainement un livre nouveau, lorsque per¬ sonne n’était là pour F écouter. Mais c’est avec les femmes que sa faiblesse sc montrait dans toute sa force. Il fallait toujours qu’il en aimât quelqu’une, et si le matin, en se frottant les yeux, il n’avait pas vu quelque lueur d’amour à l’ho¬ rizon, il se serait levé maussade et il aurait mis in¬ failliblement ses bas à l’envers. Lorsqu’il assistait à un concert ou à un spectacle, il commençait par cher¬ cher dans la salle un visage qui lui plût, et il s’en éprenait jusqu’au soir. S’il avait trouvé, le spectacle était beau, le concert délicieux ; sinon, tout le monde parlait mal ou chantait faux. Son cœur avait une telle horreur du vide, qu’en présence d’une beauté médiocre, il se battait les flancs pour la trouver par¬ faite. Vous devinerez sans moi que cette tendresse universelle n’était point débauche, mais innocence. ïl aimait toutes les femmes sans le leur dire, parce qu’il n’avait jamais osé parler à aucune. C’était le plus candide et Je plus inoffensif des roués; Don Juan, si vous voulez, mais avant doïïa Julia. Lorsqu’il aimait, il rédigeait en lui-mème des dé¬ clarations hardies qui s’arrêtaient régulièrement sur ses lèvres. Il faisait sa cour: il montrait le fond de son âme; il poursuivait de longs entretiens, des dialogues charmants dont il faisait les demandes et les répon¬ ses. Il trouvait des discours assez énergiques pour
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