l’oncle et le neveu.\t73 faim ni sommeil. » François ne donnait pas, mais il jouait le sommeil dans la perfection. Il penchait la F tête en mesure, et réglait mathématiquement le bruit monotone de sa respiration. L’oncle Morlot y fut pris : il poursuivit sa lecture à voix basse, puis il bâilla, puis il cessa de lire, puis il laissa glisser son livre, puis il ferma les yeux, puis il s’endormit de bonne ■V foi, à la grande satisfaction de son neveu, qui le lor~ gnait malicieusement du coin de l’œil. François commença par remuer sa chaise : M. Mor¬ lot ne bougea pas plus qu’un arbre. François se pro¬ mena en faisant craquer ses bottes sur le parquet : M. Morlot se mit à ronfler. Alors le fou s’approche du bureau, trouve un grattoir, le pousse dans un angle, l’appuie solidement par le manche, et coupe la corde qui attachait ses bras. ]i se délivre, et rentre en possession de ses mains; il retient un cri de joie et vient à petits pas vers son oncle. En deux mi¬ nutes, M. Morlot fut garrotté solidement, mais avec tant de délicatesse que son sommeil ne fut pas même troublé. François admira son ouvrage et ramassa le livre qui avait glissé jusqu’à terre. C’était la dernière édi¬ tion de la\tMonomanie\traisonnanIl l’emporta dans un coin et se mit à lire, comme un sage,,en attendant l’arrivée du docteur.
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