Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

68 l’oncle et le neveu. contrer tous les genres de folie ; mais ne craignez rien, vous n’aurez pas le spectacle navrant de l’imbé- ■m cillité, de la folie paralytique, ou même de la démence. M. Auvray s’est créé, comme on dit, une spécialité : il traite la monomanie. C’est un excellent homme, plein de savoir et d’esprit, demi-médecin, demi-philo¬ sophe, élève d’Esquirol et de Laromiguière. Si vous le rencontriez jamais avec sa tète chauve, son menton bien rasé, ses habits noirs et sa physionomie pater¬ nelle, vous ne sauriez s’il est médecin, professeur ou prêtre. Lorsqu’il ouvre ses lèvres épaisses, vous de¬ vinez qu’il va vous dire : « Mon enfant ! » Ses yeux ne sont pas laids pour des yeux à fleur de tète ; ils pro¬ mènent autour d’eux un large regard limpide et se¬ rein ; on aperçoit au fond tout un monde de bonnes pensées. Ces gros yeux sont comme des iours ouverts sur une belle âme. La vocation de M. Auvray s’est décidée lorsqu’il était encore interne à la Salpêtrière. ! 1 étudia passionnément la monomanie, cette curieuse altération des facultés de l’esprit qui s’explique rare- v ment par une cause physique, qui ne répond à aucune lésion visible du système nerveux, et qui se guérit par un traitement moral. Il fut secondé dans ses ob¬ servations par une jeune surveillante de la division Pinel, assez jolie et fort bien élevée. Il se prit d’amour pour elle, et, aussitôt docteur, il 'épousa. C’était en¬ trer modestement dans la vie. Cependant il avait un peu de bien, qu’il employa à fonder l’établissement