48 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. terres de Bretagne. » En quoi il ne mentait nulle¬ ment. Je lui fis observer que tout se découvrirait à la fin, et qu’il serait forcé de confesser l’origine de sa noblesse et la modicité de sa fortune. « Laisse-moi faire, répondit-il ; le baron est assez riche pour per¬ mettre à sa fille un mariage d’amour. Dorothée m’aime, j’en suis sûr ; elle me l’a dit. Quand les parents sauront que je suis nécessaire au bonheur de leur fille, ils passeront sur bien des choses. Du reste , je ne trom¬ perai personne, et ils sauront tout avant le mariage. » 11 ne courtisait pas publiquement Mlle de Stock, mais il la voyait tous les soirs dans le monde. Leur iiaison, pour être un peu contrainte, n’avait que plus de charmes. Les petits obstacles, la surveillance que tous exercent sur tous, le respect des convenances, la nécessité de feindre, ajoutent je ne sais quoi de tendre et de mystérieux à ces amours qui cheminent, de salon en salon, jusqu’à la porte de l’église. La con¬ trainte est une puissance merveilleuse qui double les jouissances du cœur comme les forces de l'esprit. Ce m qui fait qu’une pensée est plus belle en vers qu’en prose, c’est a contrainte. Léonce et Dorothée s’écri¬ vaient tous les jours, en vers et en prose, et c'était plaisir de les voir échanger leurs billets, à l’abri d’un mouchoir ou à l’ombre d’un éventail. La baronne s’a¬ musait de ces petits manèges : elle avait lâché la bride au cœur de sa lìlle ; elle lui permettait d’aimer M. de Baÿ.
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