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44 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. Vers le milieu de janvier, il sut que Dorothée devait quêter pour les pauvres à Notre-Dame de Lorette. Lui qui manquait souvent la messe, il fut d’une ponc¬ tualité exemplaire. II me fit déjeuner au galop et m’entraîna avec lui sur le coup d'une heure. J’ai oublié les détails de sa toilette, mais je me rappelle bien qu’elle éblouissait. Je reconnus Mlle de Stock au portrait qu’il m’en avait fait, quoiqu’il eût oublié de me dire qu’elle était brune comme une Maltaise. Une Allemande brune est un phénomène assez rare pour qu’on en fasse mention. A la fin de la messe, les fi¬ dèles défilèrent un à un devant les quêteuses qui se tenaient à genoux à chaque porte de l’église. Doro¬ thée sollicitait la charité des passants par un petit coup d’œil interrogatif, d’une grâce toute mondaine. Je mis deux sous dans sa bourse de velours rouge, l’obole du pauvre écolier. Léonce salua la quêteuse comme dans un salon, en donnant un billet de mille francs plié en quatre. « Combien te reste-t-il ? lui demandai-je sous le vestibule. — Treize mille francs et quelques centimes. — C'est peu. — C’est assez. L’aumône que je viens de faire me sera rendue au centuple. Cenf accipies. » Je ne répondis rien : je songeais aux pauvres dix francs de Mathieu. ■ En retournant à la rue de Provence, mon charita-