408\tLA MÈRE DE LA MARQUISE. vous aimons, que nous regrettons de vous avoir fait de la peine, que vous nous manquez, que nous com¬ mençons à allumer du feu le soir, et que votre fau¬ teuil vide nous met les larmes aux yeux : vous avez résisté à toutes ces bonnes raisons-là, et il faut des arguments plus victorieux pour vous décider. Ecou¬ tez donc : si vous voulez être bonne et revenir auprès de nous, je vous donnerai pour récompense.... un petit-fils! Je n’essaye pas de vous dépeindre notre joie ; il vaut mieux que vous veniez la voir et la par¬ tager.\tLucile\td’Outreville.\t»
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« Oui-dà! s’écria Mme Benoît, un petit-fils! Et si c’était une petite-fille ! » Elle courut à la cheminée, et poursuivit, en se mi¬ rant dans une glace : « J’ai quarante-deux ans; dans seize ans, ma petite-fille fera son entrée dans le monde ; ses parents ne sortiront jamais d’Arlange : qui est-ce qui la conduira au faubourg, si ce n’est moi ? Chère petite! je l’aime déjà. J’aurai cinquante-huit ans, je serai encore jeune ; et d’ici là je ne ferai pas la sottise de me laisser mourir comme certains vieux mala¬ droits. En route pour Arlange ! — Madame, interrompit Julie, on vient de la Reine Artémise avec des étoffes de deuil. — Renvoyez-moi ces gens-là ! Est-ce qu’on se mo¬ que de moi ? Le baron ne m’était rien, et je ne veux pas étaler des regrets ridicules. ^ '