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404\tLA\tMÈRE\tDE\tLA\tMARQUISE. meilleures fourrures, tandis que son mari vidait les coffres du char à bancs et que le marquis allumait un grand feu pour le déjeuner; Lucile y jetait des bras¬ sées de feuilles sèches et des poignées de branches mortes. Puis Robert découpa les perdreaux froids, et la marquise employa tous ses talents à faire une ma¬ gnifique omelette. Puis on mit le café auprès du feu, à distance respectable, en recommandant au marquis de ne pas le laisser cuire. Alors commença un de ces tournois d’appétit qui seraient ridicules à la ville et qui sont délicieux à la campagne ; et lorsqu’un gland tombait dans un verre, on riait à tout rompre, et l’on trouvait que le vieux chêne avait beaucoup d’esprit. Il n’était pas loin de midi lorsqu’on livra la table aux laquais et au cocher, Les deux jeunes femmes prirent un sentier qu’elles connaissaient de longue date, marchèrent d’un pas gaillard jusqu’à la lisière du bois, et jetèrent leurs maris en pleine vendange, dans les vignes de Mme Mélier. Un doux soleil éclairait les feuilles pourpre de la vigne. Les ceps robustes enfonçaient dans le sol leurs racines noueuses comme un enfant vigoureux se cram¬ ponne au sein de sa nourrice. La belle terre rouge, légèrement détrempée par l’automne, s’attachait aux pieds des vendangeurs, et chacun d’eux en portait un petit arpent à sa chaussure. Deux chariots chargés de larges cuves attendaient au bas du coteau, et d’instant en instant un vigneron courbé sous le poids venait y