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LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t403 ton disait Céline k Mme Jordy. Le jour même où le marquis devait gagner un beau-père et perdre qua¬ rante ou cinquante mille francs de rente, les deux cou¬ ples, éveillés au petit jour, s’embarquèrent ensemble dans un char à bancs solide, à l’épreuve de toutes les ornières de la forêt. La rosée en grosses gouttes étin¬ celait dans les herbes ; les feuilles jaunies descen¬ daient en tournoyant dans l’air et venaient se coucher au pied des arbres. Les rouges-gorges familiers sui¬ vaient de .branche en branche la course de la voiture ; la bergeronnette courait en hochant la queue jusque sous les pieds des chevaux. De temps en temps un lapin effarouché, les oreilles couchées en arrière, pas¬ sait comme un éclair au travers de la route. L’air piquant du matin colorait le visage des jeunes femmes. Je ne sais rien de charmant comme ces frissons de l’automne, entre les chaleurs accablantes de ’été et les glaces brutales de l’hiver. Le chaud nous énerve, le froid nous roidit; une douce fraîcheur raffermit les ressorts du corps et de l’esprit, stimule notre activité et redouble en nous le bonheur de vivre. Après une longue promenade, qui ne parut longue à personne, les quatre amis descendirent de voiture. Lucile, qui commandait l’expédition, les conduisit à une belle place verte, sous un grand chêne, auprès d’une petite source encadrée de cresson» Mme Jordy, paresseuse par devoir, s’établit commodément sur l'herbe des bois, plus fine et plus moelleuse que les