Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t399

ce propos un dicton menaçant : « Jeunesse qui veille, vieillesse qui dort, présages de mort. » En avril 1846, le baron fut pris d’un étourdissement devant la caserne de la rue Bellechasse ; il serait tombé sur le pavé sans un brigadier de chasseurs qui le retint dans ses bras. Cette circonstance lui fit vivement sentir le regret d’une voiture : on était toujours heureux de recevoir ses visites, mais on ne le faisait pas prendre chez lui. Mme Benoît fut la première qui eut pour lui des soins si délicats. Soit qu’elle l'attendît, soit qu’il prît congé d’elle, elle n’oubliait jamais de mettre à sa dis¬ position la plus douce de ses voitures et les ressorts les plus moelleux. Elle 'se montra plus attentive que les vieilles amies, et n’en soyez point étonné : il était pour elle une espérance, pour les autres un souvenir. Le jour où elle n’attendit plus rien de lui, après le départ de Lucile, elle ne diminua rien de ses atten¬ tions, bien au contraire. Elle éprouvait un plaisir amer à combler le seul gentilhomme qui fut de ses amis. Elle disait en elle-même : « Les imbéciles ! voilà, pour¬ tant comme je les aurais choyés tous! »> Le baron se prit d’une amitié véritable pour celle qui le traitait si bien. Les vieillards sont comme les enfants : ils s’atta¬ chent par instinct à ceux qui prennent soin de leur faiblesse. II la fit profiter des loisirs que la saison lui laissait; pendant qu’une grande moitié du faubourg courait à la campagne pour se reposer des plaisirs de l’hiver, il prit ses quartiers dans la rue Saint-Domi- 1 p