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la mère de la marquise.\t395 ■il en‘cette qualité par tous les hôteliers de la route, parcourut en trois semaines le chemin qu’avec sa mère elle avait dévoré en vingt-quatre heures : cependant le second voyage lui parut plus court que le premier. L’arrivée des deux époux fut une fête dans Ar- lange : Lucile était adorée de tous ses vassaux. Les anciens du pays et les doyens de la forge vinrent lui dire en leur patois qu’ils avaient trouvé le temps long après elle ; les compagnes de son enfance se présen¬ tèrent gauchement pour lui apporter le bonjour : elle les reçut dans ses bras. Elle remboursa largement la bonne grosse monnaie d’amitié que ces braves gens dépensaient pour elle; elle s’informa des absents; elle demanda des nouvelles des malades ; elle fit ■ rayonner dans tout le village la joie dont son cœur était plein. . Ce tribut une fois paye aux souvenirs du premier âge, elle comptait se retrancher dans la forge avec Gaston, fermer la porte à toutes les visites, et vivre d’amour au fond de sa retraite. Les enfants ont l’im¬ prévoyance de ces sauvages de l’Amérique qui cou¬ pent l’arbre par le pied et maugent tous les fruits en un jour. Mais le marquis, depuis son mariage, avait fait des réflexions sérieuses et deviné le grand secret de la vie domestique : l’économie du bonheur. Il sa¬ vait que la solitude h deux, ce rêve des amants, doit épuiser rapidement les cœurs les plus riches, et que si l’on se dit tout en un jour, il faut bientôt se répéter