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34 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. pulcux, chantaient à l’unisson les louanges de Léonce, Les belles-mères pouvaient venir! Mon premier soin en entrant fut de chercher les cigares, mais Léonce ne fumait plus. Il savait que le cigare, qui unit les hommes entre eux, n’a pas la vertu d’arranger les mariages, et que le tabac offense également les femmes et les abeilles, créatures ailées. 11 me raconta sa campagne d’été, et me montra triom-

phalement vingt-cinq ou trentes cartes de visite qui représentaient autant d’invitations pour l’hiver.

  • Lis tous ces noms, me dit-il, et tu verras si j’ai

jeté ma poudre aux moineaux! « Je m’étonnai de ne voir que des noms de la Chaus- sée-d’Antin. « Pourquoi cette préférence? Les héros de Balzac allaient au fauboürg Saint-Germain. — Ils avaient leurs raisons, dit Léonce; moi j’ai les miennes pour n’y pas aller. A la Cliaussée-d’An- tin, mon nom et mon titre peuvent me servir; ils me + nuiraient peut-être au faubourg Saint-Germain. An¬ nonce un marquis dans un salon de la rue Laffitte, cinquante personnes regarderont la porte. Rue de il l’Université, personne né lèvera les yeux. Les valets eux-mémes y sont blasés sur les marquis. Et puis, tous ces nobles de vieille date se connaissent et s’en¬ tendent : ils sauraient bientôt que je ne suis pas des leurs. On ne demanderait pas avoir mes parchemins, mais on se dirait à l’oreille qu’on ne les a jamais vus. Mon marquisat serait éventé, et l’on m’enverrait cher-