386\tLA\tMÈRE\tDE\tLA MARQUISE.\t' Sa première idée était simplement de punir son gendre et de lui infliger à son tour les ennuis d’une passion malheureuse. Le succès de ses calculs lui rendit ensuite un peu d’espoir : elle pensa que Gaston finirait par s’avouer vaincu et offrirait spontanément de la conduire dans le monde. Mais le marquis prenait son veuvage en patience : il écrivait à Lucile, il en re¬ cevait quelques billets écrits à la dérobée ; il combi¬ nait avec elle un projet d’évasion. Grâce à la surveil¬ lance de Mme Benoît, ces deux époux unis par la loi et par la religion étaient réduits à des stratagèmes d’écoliers. Leur amour, sans rien erdre de son assu¬ rance et de sa sérénité, avait gagné le charme piquant des passions illégitimes. La cérémonie quotidienne du baisemain, autprisée et présidée par la belle-mère, couvrait l’échange de cette correspondance, que Mme Benoît ne devina jamais. Lasse enfin d’attendre ■fc inutilement la conversion de son gendre, elle revint à ses premiers projets et retourna les yeux vers Mme de Malésy. Elle avait appris chez sa couturière que la marquise de Croix-Maugars allait donner une fête dans son jardin pour l’anniversaire de son ma¬ riage. Toute la noblesse présente à Paris s’y trouve¬ rait réunie, car les bals sont rares au 22 juin, et lors¬ qu’on rencontre l’occasion de danser sous une tente, on en profite. Par une rencontre providentielle, Gas¬ ton avait précisément obtenu une audience du ministre pour le 21, à onze heures du matin. La veuve profita
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