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LA MÈRE DE LA MARQUISE,\t343 d’ouvrir la portière. La portière de droite, soit ha¬ sard, soit calcul, refusa de s’ouvrir. Pour arriver à l’autre, il fallait passer sur le corps de sa mère. Son courage n’alla point jusque-là. « Julie, dit-elle, voyez donc ce que fait M. le marquis. » Julie, qui était depuis quinze ans au service de Mme Benoît, partit, revint et répondit : « Madame, mon¬ sieur le marquis prie ces dames de ne pas l’attendre. Un trait s’est brisé; on le raccommode ; monsieur re¬ joindra au relais. » Au même instant Pierre s’appro¬ cha de la portière de gauche, et Mme Benoît lui dit a l’oreille : « Prends la traverse ; brûle Dieuze, et droit à Moyenvic ! »\t- La voiture partit au grand trot. C’était en vérité une singulière nuit de noces, Mme Benoît triomphait p.\t■ de quitter Arlange et de rouler vers le faubourg en compagnie d’une marquise. Elle se plaignit de la fati¬ gue, de la migraine, du sommeil, et elle se retrancha, les yeux fermés, dans un coin de la berline, de peur que les réflexions de sa fille ne vinssent troubler la joie tumultueuse qui bouillonnait dans son cœur. La pauvre mariée, sans craindre la fraîcheur de la nuit,

allongeait le cou hors de la portière, écoutant le h souffle du vent, et plongeant ses regards humides dans l’obscurité. Au relais de Moyenvic, Mme Benoît jeta le masque et dit à sa fille : « Ne vous écarquillez pas les yeux à chercher votre mari. Vous ne le rever¬ rez qu’au faubourg Saint-Germain. >*\t.