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LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t341 gcné ses invités par l’annonce d’un si prochain dé¬ part. Si quelqu’un prenait un visage de condoléance et semblait plaindre les victimes d’une séparation si intempestive, Gaston s’empressait de rassurer cette bonne âme en lui apprenant que sous peu de jours le mari, la femme et la belle-mère seraient dé¬ finitivement réunis. Non content de tromper les cu¬ rieux et les malveillants , il prit la peine de les char¬ mer. Il'déploya en leur faveur ses grâces naturelles et acquises ; il s’installa dans le cœur de toutes les femmes et dans l’estime de tous les hommes ; il ap¬ prouva tous les ridicules ; il donna tète baissée dans tous les préjugés ; il berna si savamment son audi¬ toire, qu’il lit la conquête de tout le canton : cela peut arriver au plus honnête homme. Le premier résultat de cette comédie fut de lui donner cent cinquante amis intimes ; le second fut de persuader à tout le monde que son récit du départ de Mme Benoît était la pure vérité. La vérité, la voici. Après le bal, Lucile, le cœur serré par une joie inquiète , suivit sa mère dans son appartement. A peine entrée, Mme Benoît la dépouilla, en un tour de main, de sa robe blanche, l’enveloppa dans un peignoir épais et lui jeta un châle sur les épaules, tandis que Julie remplaçait les souliers de satin par une paire de bottines. Sans lui donner le temps de s’étonner de cette toilette, sa mère lui dit vivement, tout en changeant de robe :