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340\tLA\tMÈRE\tDE LA MARQUISE. en sut révoltée. A force de relire ce malheureux billet, il se persuada que ce serait une honte de partir pour Paris sans qu’on sût s’il courait après sa femme ou ■ après son argent, et il résolut de rester à Arlangc tant que Lucile ne lui aurait pas écrit. Cette décision l’entraîna dans une dépense d’esprit et d’amabilité qu’il n’avait pas prévue. La nouvelle du départ de la marquise s’était répandue avec une vitesse électrique ; et comme on n’avait jamais oui dire, à quatre lieues à la ronde, qu’un bal de noces eût fini de la sorte, tous ceux qui avaient dîné ou simplement dansé à la forge y coururent en toute hâte sous le prétexe naturel d’une visite de digestion. Le marquis fit tète à cette armée de curieux, de façon à prouver aux plus difficiles qu’il était homme du monde lorsqu’il en avait le temps. Durant une se¬ maine , le salon ne désemplit pas, et il ne témoigna nul ennui de passer moitié du jour au salon. Cette petite foule altérée de scandale fut stupéfaite de son air tranquille , de sa voix naturelle, de sa figure heureuse et souriante. Il raconta à qui voulut i'en¬ tendre que, depuis plus de quinze jours, Mme Benoît avait à Paris des affaires urgentes qui réclamaient sa présence et celle de sa fille ; qu’en bonne mère, elle n’avait pas voulu retarder pour cela le mariage de Lucile; qu’en sage administrateur, elle avait tenu à laisser un homme sûr à la tête de a forge ; qu’en gracieuse maîtresse de maison , elle n’avait pas