338\tLA MÉHË DE LA MARQUISE. — Eh bien! ramène-moi à la maison par la route. » La maison était telle que Gaston l’avait quittée. La berline n’était pas sous la remise, et il manquait deux chevaux à l’écurie. On entendait au loin un bruit de violons aigres et de chansons discordantes : c’étaient les ouvriers et les paysans qui dansaient en plein air. Gaston songea d’abord à s’assurer le silence de Jac¬ quet et le secret de sa poursuite nocturne. Il ne trouva pas de meilleur moyen que d’envoyer son confident à Paris. « Va prendre la diligence de Nancy, lui dit-il; à Nancy, tu t’embarqueras dans la rotonde pour Paris.
- ’u te feras conduire à
- ’hôteì d’Outreville, rue Saint-
Dominique, 57, et tu diras à Mme Benoît que j’arrive¬ rai avant deux jours. Voici de quoi payer la voiture, — Monsieur, demanda Jacquet d’une voix insi¬ nuante , si je faisais la route à pied, est-ce que l’ar¬ gent serait pour moi ? » Il reçut pour réponse un coup de pied péremptoire, qui l’éloigna d’Arlange en le rapprochant de Paris. Gaston, rompu de fatigue , remonta au second étage et se jeta sur son lit, non pour dormir, mais p pour rêver plus posément à son étrange aventure. La fuite de Lucile , au moment où il se croyait le plus sùr d’en être aimé, lui semblait inexplicable. Evi¬ demment ce départ était prémédité ; il eût été im¬ possible de le préparer en un quart d’heure. Mais alors , toute la conduite de la jeune femme était un mensonge : le bonheur qui éclatait dans ses yeux,