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LA MÈRE DE LA MARQUISE. 331 Elle répondit du bout des lèvres un imperceptible oui. Ce n’est pas ainsi qu’elle avait dit oui à la mairie. « Au faubourg ! reprit Gaston, au faubourg ! Vous êtes curieuse de pénétrer au faubourg! » A la suite de quelque mécompte dont personne n’a su le secret, il avait conçu contre le faubourg une haine injuste et violente. « Savez-vous, mademoiselle,ce qu’on voit au faubourg? Des jeunes filles insipides comme des fruits venus en serre; des jeunes femmes perdues de toi¬ lette et de vanité ; des vieilles femmes qui n’ont ni la roideur imposante de nos aïeules du xvir siècle, ni la verve et la bonne humeur îles contemporaines de Louis XV ; des vieillards hébétés par le whist, des jeunes gens viveurs et dévots qui embrouillent dans la conversation les noms des chevaux de course et des prédicateurs; chez les hommes en âge d’agir, une po¬ litique sans conviction, des regrets factices, des fidé¬ lités qui se mettent en étalage dans l’espoir qu’il plaira à quelqu’un de les acheter : voilà le faubourg, made¬ moiselle; vous le connaissez aussi bien que si vous l’aviez vu. Quoi! vous vivez au milieu d’une forêt admirable, entourée d’un petit peuple qui vous aime; je ne parle pas de mol qui vous adore; vous avez la fortune qui permet de faire des heureux, la santé, sans laquelle rien n’est bon; les joies de la famille, les amusements de l’été, les plaisirs plus intimes de l’hi¬ ver, le présent éclairé par l’amour, l’avenir peuplé de petits enfants blancs et roses, et vous voulez tout