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330\tLA\tMÈRE DE LA MARQUISE. « Mon gendre (car vous êtes mon gendre de par la loi), je vous remettrai demain le premier semestre de vos rentes. « — Un peu de patience, ma charmante mère! répon¬ dit Gaston; que voulez-vous que je fasse d’une pa¬ reille somme? L’argent, ajouta-t-il en regardant Lu- cilo, sera longtemps encore le dernier de mes soucis. — Ne dédaignez pas ce pauvre argent : il vous en faudra beaucoup dans quelques jours, à Paris. — A Paris ! Eh í grandDieu ! qu’irais-je faire à Paris? — Prendre pied, rallier vos amis et vos parents, vous préparer un cercle de relations pour l’hiver et pour toute la vie. — Mais, madame, je suis bien décidé à ne pas vivre à Paris. C’est une ville malsaine où toutes les femmes sont malades, où les familles s’éteignent faute d’en- ſants. Savez-vous que tous les cent ans Paris se changerait en désert, si la province n’avait la rage de le repeupler ? — C’est pour qu’il ne devienne pas désert, que ma fille et moi nous avons résolu d’y aller au plus tôt. — Vous ne me l’aviez pas dit, mademoiselle. » Lucile baissa les yeux sans répondre. La présence de sa mère pesait sur elle. Mme Benoît répliqua vive¬ ment : « Ces choses-là se devinent sans qu’on les d;se. Ma fille est marquise d’Outreville : sa place est au fau¬ bourg Saint-Germain! N’est-il pas vrai, Lucile? »