Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viendrai, si bon vous semble, vous aider à choisir les vôtres. »

Le raisonnement était facile à réfuter ; mais il fut déduit d’un ton si caressant et d’une voix si maternelle, que Gaston n’y trouva point de réplique. Depuis trois jours il était en pourparlers avec un usurier à propos de cette maudite corbeille. Il se laissa conduire chez vingt marchands et choisit des étoffes, des châles, des dentelles et des bijoux. Point de diamants : Mme Benoît partageait les siens avec sa fille.

La belle-mère prit congé de son gendre le 5 mai en lui donnant rendez-vous pour le 12. Elle se chargeait de faire faire la première publication à l’église et à la mairie, tandis que Gaston poussait l’épée dans les reins à son chemisier et à son tailleur. Dans la confusion inséparable d’un départ, elle emballa par mégarde tous les papiers de la maison d’Outreville.

La première idée de Lucile en revoyant Mme Benoît, fut qu’on lui avait changé sa mère à Paris. Jamais la jolie veuve n’avait été si facile et si indulgente. Tout ce que Lucile faisait était bien fait, tout ce qu’elle disait était bien dit ; elle se conduisait comme un ange et parlait d’or. Jamais la tendre mère ne pourrait se séparer d’une fille si accomplie ; elle la suivrait partout, elle ne la quitterait qu’à la mort. Elle lui disait, comme dans l’histoire de Ruth : « Ton pays sera mon pays. » Lucile ouvrit son cœur à cette