Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Elle songea ensuite que ce serait sa fille qui l’introduirait dans le monde, et cette idée lui inspira une recrudescence d’amour maternel. Elle écrivit à Lucile, qu’elle n’avait pas accoutumée à beaucoup de tendresse :


« Ma chère enfant, ma belle mignonne, ma Lucile adorée, j’ai trouvé le mari que je te cherchais : tu seras marquise d’Outreville ! Je l’ai choisi entre mille, pour qu’il fût digne de toi : il est jeune, beau, plein d’esprit, d’une noblesse ancienne et glorieuse, et allié aux plus illustres familles de la France. Chère petite ! ton bonheur est assuré et le mien aussi, puisque je ne vis que par toi. Tu viendras bientôt à Paris, tu quitteras cet affreux Arlange où tu as vécu comme un beau papillon dans une chrysalide noire ; tu seras accueillie et fêtée dans les plus grandes maisons ; je te conduirai de plaisirs en plaisirs, de triomphes en triomphes : quel spectacle pour les yeux d’une mère ! »


Mme Benoît était légère comme une mésange ; ses pieds ne posaient plus à terre ; sa figure avait rajeuni de dix ans ; on croyait voir une flamme autour de sa tête. Elle chantait en dansant, elle pleurait en riant, elle avait la démangeaison d’arrêter les passants pour leur conter sa joie ; elle se surprenait à saluer les dames qu’elle rencontrait dans des voitures armoriées. Elle fut si tendre avec le marquis, elle l’enveloppa d’un tel réseau de petits soins et de préve-