à Mme Benoît, qui, par excès de précaution, le soumit aux lunettes d’un archiviste paléographe, ancien élève de l’École des chartes et conservateur adjoint à la bibliothèque royale. L’authenticité du moindre chiffon fut reconnue et certifiée. Le baron fit alors la demande officielle, qui fut agréée, comme vous pouvez croire.
La radieuse veuve resta quelque temps incertaine si elle marierait sa fille à Paris ou si elle transporterait cette grande cérémonie dans la petite église d’Arlange. D’un côté, il était bien flatteur d’occuper le maître autel de Saint-Thomas d’Aquin et de déranger la moitié du faubourg pour la messe de mariage ; mais on avait une revanche à prendre, et il importait d’effacer dans le pays les dernières traces du marquisat de Kerpry. Mme Benoît se décida pour Arlange, mais avec le ferme propos de revenir bientôt à Paris. Elle écrivit à son carrossier :
« Monsieur Barnes, je partirai le 5 mai pour marier ma fille qui épouse, comme vous savez, le marquis d’Outreville. Aussitôt mon départ, vous ferez prendre toutes mes voitures pour les remettre à neuf et peindre sur les portières les armes ci-jointes. De plus, je vous prie de me faire le plus tôt possible un carrosse dans l’ancien style, large, haut, et de la forme la plus noble que vous pourrez. Le cocher et les laquais seront poudrés à blanc ; réglez-vous là-dessus pour l’harmonie des couleurs. »