Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

26 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. Mme de Sévigné n’a jamais aimé son mari comme M. de Grignan, Mme Bourgade me conduisit chez elle et me pré¬ senta à sa fille. La belle Aimée était vêtue de coton¬ nade mauvais teint dont la couleur avait passé. Elle n’avait ni bonnet, ni col, ni manchettes : le blanchis¬ sage est si cher ! Je pus admirer une grosse natte de magnifiques cheveux blonds, un cou un peu maigre, mais d’une rare élégance, et des poignets qu’une grande dame eût payés cher. Sa figure était celle de sa mère, avec vingt années de moins. En les voyant l’une à côté de l’autre, je songeai involontairement à ces dessins d’architecture où l’on voit dans le même cadre un temple en ruine et sa restauration. La taille d’Aimée, avec une brassière au lieu de corset et un simple jupon sans crinoline, montrait une élégance de bon aloi. Le prix élevé des engins de la coquetterie fait que les pauvres sont moins souvent dupés que les riches. Ce qui m’étonna le plus dans la suture Mme Debay, c’est la blancheur limpide de son teint. On aurait dit du lait, mais du lait transparent : je ne puis mieux comparer son visage qu'à une perle fine. Elle fut bien franchement heureuse, la petite perle de la rue Traversine, lorsqu’elle apprit les nouvelles que j’apportais. Au beau milieu de sa joie tomba Ma¬ thieu, qui ne s’attendait pas à me trouver là. Il ne voulut croire qu’il était aimé que lorsqu’on le lui eut