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24 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. — Non.\t‘ — Elle te croit pauvre comme elle ? — Sans cela, il y a longtemps qu’on m’aurait mis à la porte. — Si cependant.... Ne rougis pas. Si, par impos¬ sible, elle t’aimait comme tu l’aimes, que ferais-tu ? — Je.... je lui dirais.... — Allons, pas de fausse honte ! Elle n’est pas là : tu l’épouserais ? — Oh! si je pouvais! Mais je n’oserai jamais me marier. » Ceci se passait un dimanche. Le jeudi suivant, quoique j’eusse bien promis d’éviter la rue Traver- sine, je fis une visite au Petit-Gris. J’avais mis mon plus bel habit d’uniforme, avec des palmes toutes neuves à la boutonnière. Un ami à toute épreuve m’a¬ vait prété une paire de gants. Le Petit-Gris alla pré¬ venir Mme Bourgade qu’un monsieur lui demandait la faveur de causer quelques instants avec elle seule. Elle vint comme elle. était, et notre hôte sortit sous prétexte d’acheter du charbon. Mme Bourgade était une grande et belle femme, maigre jusqu’aux os ; e:ì.e avait de longs yeux tristes, de beaux sourcils et des cheveux magnifiques, mais presque plus de dents, ce qui la vieillissait. Elle s’ar¬ rêta devant moi un peu interdite : la misère est ti¬ mide. « Madame, lui dis-je, je suis un ami de Mathieu