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GORGEON.\t279 chapeau dans la chambre de sa femme ; il revient, il le trouve, il le saisit, il le broie : il cherche dans tous les coins le propriétaire de ce maudit chapeau. Dans l’excès de son désespoir, il veut en finir avec la vie, et il charge un pistolet pour se brûler la cer¬ velle. Mais un scrupule l’arrête en si beau chemin. Jl veut bien se détruire, mais il ne veut pas sc faire mal : la mort l’attire et la douleur l’incommode. Pour concilier son horreur de la vie et sa tendresse pour lui-même, il se met en face d’un miroir et se suicide en effigie. La Colère d*Achille eut un succès bruyant au théâtre Michel. Tous les mots portaient. Deux heures avant la représentation, Gorgeon avait refusé de recevoir la visite de sa femme. Il joua la rage au naturel. Par malheur, le pistolet du théâtre était une relique véné¬ rable extraite du magasin des accessoires : il fit long feu. Un seigneur de l’orchestre s’écria en mauvais français : « Pas de chance ! » Après la représentation, comme le régisseur s’excu¬ sait, Georgeon lui dit : « Ce n’est rien. J’ai un pisto¬ let chez moi, je l'apporterai demain. » Il vint avec un pistolet à deux coups, une belle arme, en vérité. « Vous voyez, dit-il au régisseur: si le premier coup ratait, j’ai le second. » Il joua avec, un entrain qu’on ne lui avait jamais vu. A la dernière scène, au lieu de viser la glace, il détourna le canon vers sa femme et la tua, Il se fit ensuite sauter la cervelle. Le spec-