GORGEON.\t275 de son mari : tous les hommes so ressemblent sous la pelisse. Le prince lui accorda quinze jours pour se remet¬ tre ; elle eut ensuite un nouveau délai d’une semaine, parce que Gorgeon ne jouait pas. Elle regardait les affiches comme les condamnés, sous la Terreur, li¬ saient les listes du bourreau. Elle ne jouit ni de ses toilettes, ni de sa maison, ni du luxe prodigieux dont elle était entourée. Son salon passait pour une des merveilles de Pétersbourg. Les murs étaient de Pa¬ ras blanc et les meubles de vieux Beau vais rouge, í .es fenêtres n’avaient pas d’autres rideaux que six grands camellias ponceau, dressés en espalier. Au milieu, sous un énorme lustre en cristal de roche, on voyait un divan circulaire ombragé d’un camellia pleureur, vrai miracle d’horticulture. Pauline y fit à peine attention. Son cuisinier, un illustre provençal que Vasilikof avait dérobé à un prince évêque d’Alle¬ magne, épuisa vainement toutes les ressources de son imagination : Pauline n’avait plus faim. Elle était cependant un peu bien gourmande lorsqu’elle sou- pait chez Douix ou chez Bignon avec son mari. Le 6 janvier (nouveau style), l’affiche, qu’on portait chez elle, lui apprit que Gorgeon jouait le soir dans le Dîner de Madelon. Il lui sembla qu’elle recevait un coup dans le cœur. Elle voulut écrire au prince pour lui demander grâce : sa cousine fut d’avis qu’elle fe¬ rait mieux d’écrire à son mari. Elle fit porter chez
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