Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

262 GORGEON. grand bal pour le 1er février. Gorgeon était commis¬ saire et sa femme patronnesse. Tous les hommes qui s’intéressent de près ou de loin aux théâtres de Paris couraient chez les patronnesses acheter des billets ; les belles vendeuses rivalisaient de zèle, et c’était à qui en placerait davantage. Gorgeon vit bien qu’il lui se¬ rait impossible de tenir sa porte fermée. Ce fut un va-et-vient formidable dans son escalier, et les gants jaunes usèrent le cordon de sa sonnette. Que faire? 11 avait beau se constituer prisonnier à la maison, il ré¬ pétait dans deux pièces, et son temps était pris de midi à quatre heures. Rarement il rentra chez lui sans ren¬ contrer quelque beau monsieur qui descendait en fre- donnantun air de ses vaudevilles. Lorsqu’il en trou¬ vait un auprès de sa femme, il était forcé de faire bon visage : tout le monde était d’une politesse exquise avec lui. M. de Gaudry vint prendre un billet, puis revint en prendre un second pour son frère. Puis il perdit le sien, et vint en chercher un troisième ; puis il lui en fallut un quatrième pour un jeune homme de son club; ainsi de suite jusqu’à douze. Gorgeon était le meilleur élève de Bertrand ; il était de première force au pistolet, et faisait quinze mouches en vingt i coups; mais à quoi bon? M. de Gaudry ne lui avait jamais manqué, tout au contraire. Si le félicitait, il l’adulait, il le portait aux nues ; il lui disait : « Mon cher Gorgeon, vous êtes un farceur admirable. Vous n’avez pas votre pareil pour amuser les gens. Hier n.Vl