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GORGEON.\t.\t259 ■ ]une de miel éclaira les hautes futaies de .la vieille foret. Gorgeon était radieux comme un fils de roi. Autour de lui le printemps faisait éclater les bour¬ geons des arbres. Tout verdissait, excepté les chênes qui sont toujours en retard, comme si leur grandeur les attachait au rivage. L’herbe et la mousse s’éten¬ daient en tapis moelleux sous les pieds des deux amants. Pauline remplissait ses poches dé gros bou¬ quets de violettes blanches. Ils sortaient au petit jour et rentraient à la nuit. Le matin, ils effarouchaient les lézards ; le soir, les hannetons bourdonnants se jetaient à leur tête. Le Ier mai, ils se rendirent à la fête des Sablons, qui se prolonge du soir au matin sous les grands hêtres. Toute la jeunesse des envi-* rons était là : les petites bourgeoises de Moret, les vigneronnes des Sablons et de VeneuX, et les belles filles de rhomery, paysannes aux mains blanches, dont le travail consiste à surveiller les treilles, à éclaircir les grappes et à enlever les petits grains de raisin qui i gêneraient les gros. Toute cette jeunesse admira Pau¬ line; on la prit pour une châtelaine des environs. Elle dansa de tout son cœur jusqu’à trois heures du ma¬ i, quoiqu’elle eût un peu de sable dans ses bottines. Puis elle s’achemina, au bras de son mari, vers la voi¬ ture qui les attendait.\t- Ils retournèrent plus d*une fois les yeux vers la fête qui se dessinait derrière eux comme une large tache rouge. La musiqüe des ménétriers, le bruit des