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20 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. — Halte-là ! Tu comprends que si je me mettais en quête d’uue femme avec mon petit portefeuille conte¬ nant cinquante billets de banque, tous les millions me riraient au nez ; tout au plus si je trouverais la fille d’un mercier ou l’héritière présomptive d’un fond de quincaillerie. Dans le monde où l’on tiendrait compte d’une si pauvre somme, on ne me saurait gré ni de ma tournure, ni de mon esprit, ni de mon éducation. Car enfin nous ne sommes pas ici pour faire de la mo¬ destie. — A la bonne heure ! — Dans le monde où e veux me marier, on m’é¬ pousera pour moi, sans s’informer de ce que j’ai. Quand un habit est bien fait et bien porté, mon cher, aucune fille de cond ition ne s’informe de ce qu’il y a dans les poches. » ■ Là-dessus, Léonce expliqua à son frère qu’il em¬ ploierait les écus de ’oncle Yvon à s'ouvrir les portes du grand monde. Une longue expérience, acquise dans les romans, lui avait appris qu’avec rien on ne fait rien, mais qu’avec de la toilette, un joli cheval et de belles manières on trouve toujours à faire un ma¬ riage d’amour. « Voici mon plan, dit-il : Je vais manger mon capi¬ tal. Pendant un an, j’aurai cinquante mille francs de rente en effigie, et le diable sera bien malin si je ne me fais pas aimer d’une fille qui les possède en réalité. — Mais, malheureux, tu te ruines!