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LE BUSTE.\t241 soin méticuleux. « Canons épais, dit-il, acier sec, un peu aigre et cassant; bonnes armes du reste. Qui les a chargées ?\t, — L’armurier de M. de Marsal. — Avez-vous apporté de la poudre et des balles? — Oui > monsieur. Vous plaît-il que nous rechar¬ gions devant vous ? — C’est inutile. » Il prit un pistolet et le tira en l’air. « Ils sont bien chargés, dit-il. Soyez assez bon, monsieur, pour remettre une amorce. » Les deux pistolets furent enveloppés dans un fou¬ lard; M. de Marsal en choisit un, l’artiste prit l’autre. Le peintre, qui avait les jambes longues, mesura cinq énormes pas. Les quatre témoins se retirèrent à l’écart en sanglotant. « Messieurs, dit M. Lerambert d’une voix hale¬ tante , je frapperai trois coups dans mes mains ; vous tirerez quand vous voudrez. » Daniel tira le premier; l’amorce seule partit. Son pistolet n’était pas chargé. M. de Marsal, plus blême que jamais, resta quel¬ ques secondes à sa place , le bras tendu, le canon dirigé sur la poitrine de Daniel. Ses jambes se déro¬ baient sous lui, ses yeux nageaient dans l’incertitude et la crainte ; tout son corps vacillait,comme un bou¬ leau secoué par le vent. Dans un pareil moment, les secondes sont plus longues que des années. Daniel,