LE BUSTE.\t219
— Je n’ai jamais dit cela ; ne me prête pas de sottises ! -— C’est qu’il me semble que ces messieurs ne m’aiment ni l’un ni l’autre. — Comment ! -— Oh ! je ne m’y trompe pas. Je les ai bien étu¬ diés , surtout depuis qu’on travaille au buste de ma tante. Voici , en quelques mots, le résumé de mes observations. — Nous écoutons. — M. de Marsal est un homme bien né, bien élevé, i d’un caractère doux, d’une humeur égale , et de ma¬ nières fort agréables. — Ah ! s’écria triomphalement Mme Michaud. — Attendez ! M. Lefébure a l’esprit varié , vif et élégant, la voix belle, la parole émouvante, le geste noble et résolu. — Eh ! eh ! murmura le marquis. — Patience, mon père ! L’un est blond, l’autre est brun ; l’un est mince, l’autre est gros ; l’un est pauvre, l’autre est riche ; et cependant on croirait qu’ils sont un même homme, tant ils se ressemblent dans leurs façons avec moi. Ils me disent les mêmes fadeurs, comme s’ils les avaient apprises dans un manuel. Ils me regardent de la même façon ; ils n’ont qu’une manière de m’approuver lorsque je parle. Si je leur souris, ils triomphent uniformément ; si je leur fais la moue, ils courbent le front sous le poids