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204\tLE\tBUSTE. l’air d’un fou. Les jours suivants je m’absentai régu¬ lièrement ; je travaillais en vi le. Lorsque je revins à l’atelier, je vis son nom écrit dix ou douze fois sur la porte. Notez que je suis aux Ternes et lui rue de FArbre-Sec. Enfin il me joignit. Il était allé voir Co- ralie, qui lui avait jeté la porte au nez. En me racon¬ tant sa visite, il pleurait. « Quel malheur, disait-il, a que je ne sois pas sculpteur ! Elle viendrait chez moi ! « et je pourrais la regarder tout mon soûl. » II me demanda quelques vieux outils à emprunter ; je lui en donnai une poignée. Un mois après (c’était au milieu de février), il revint me voir. Vous auriez dit un autre homme ; je ne le reconnaissais plus. Il avait l’œil vif, le visage animé, et il tendait le jarret en marchant : un peu plus, il aurait chanté. Par exem¬ ple , ce qui n’était pas changé, c’était sa jaquette et son chapeau. Il se remit à me parler de Coralie; il en était plus amoureux que jamais, et il espérait s’en faire aimer. Pour commencer, il avait fait son buste de mémoire, et il croyait avoir réussi. Il ne me laissa pas de repos que je n’eusse vu son ou¬ vrage. Bon gré mal gré, il fallut partir avec lui. L’omnibus du Roule nous mit au coin de la rue Saint-Honoré et de la rue de l’Arbre-Sec; c’est là qu’il demeurait, au-dessus de la fontaine, et bien au- dessus* Je n’ai pas compté les étages, mais il y en avait six ou sept. Le buste était placé sur une sorte de table de nuit. En ce temps-là, je ne croyais pas aux