■ ,:«J I v[ LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. 15 montrait les attentions délicates d’une jeune fille. Sa prudence maternelle ne se mit jamais en garde con¬ tre lui ; tout au plus si elle le regardait comme un homme. A la simplicité ‘de sa mise, elle jugea qu’il « était pauvre ; elle s’intéressait à lui comme il s’in¬ téressait à elle. Un certain lundi du mois de décem¬ bre, elle le vit venir en paletot noisette, sans son manteau, par un froid très-vif. Elle lui dit, après de longues circonlocutions, qu’elle venait de toucher une somme de dix francs, et elle offrit de lui en prêter la moitié. Mathieu ne sut s’il voulait rire ou pleurer : il avait engagé son manteau, le matin même, pour ces bienheureux dix francs. Voilà où ils en étaient au bout d’un mois de connaissance. Aimée s’abandonnait à moins au douceurs de l’intimité. Pour elle, Mathieu était un homme. En le comparant au Petit-Gris et aux habitants de la rue Tr a ver si ne, elle le trouvait distin¬ gué. D’ailleurs, à l’àge de seize ans, elle n’avait guère eu le temps d’observer le genre humain. Elle ignorait non-seulement la laideur de Mathieu, mais encore sa propre beauté : il n’y avait pas de miroir dans la maison.\t- Mme Bourgade raconta à Mathieu ce qu’il savait en partie, grâce aux indiscrétions du Petit-Gris. Son mari faisait médiocrement ses affaires et gagnait à peine de quoi vivre, lorsqu’il apprit la découverte des mines de la Californie. En homme de sens, il de¬ vina que les premiers explorateurs de cette terre for- §5
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