200\tLE BUSTE. pelait par instants à la pose, mais elle avait soin de ne l’y pas laisser longtemps. « Êtes-vous en veine aujourd’hui? demanda Mme Mi¬ » chaud à Daniel. Les heures se suivent et ne se res¬ semblent pas. Hier soir, vous chantiez, et j’en étais fort aise. Eh bien, sculptez maintenant 1 — Madame , reprit Daniel, je connais bien votre figure , je commence à vous savoir par cœur, et il me semble que je serais beaucoup d’ouvrage en une heure, si vous pouviez poser seulement un peu. — Soyez heureux ; je ne dis plus rien, je ne con¬ nais plus personne, je pose! *> dit la bonne femme en faisant une demi-culbute assise, accompagnée d’une grimace des plus originales. « Et je supplie la galerie d’ohserver la loi du silence. Ah ! si j’étais une jolie fille comme Victorine, vous auriez plus de cœur à l’ouvrage, artiste que vous êtes ! — Monsieur Lefébure, dit Victorine en épiant la physionomie de Daniel, croyez-vous qu’on devienne artiste par amour? — Sans doute, mademoiselle ; à une seule condition. — Et laquelle ? — Bien peu de chose : dix ou douze ans de travail ! i — Vous êtes un homme de prose : vous ne croyez pas à la puissance de l’amour. — S’il y avait des incrédules , interrompit galam¬ ment M. de Marsal, vous n’auriez pas à prêcher long¬ temps pour les convertir.
Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/206
Cette page n’a pas encore été corrigée