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i LE BUSTE.\t195 neuve en signe de joie ; Daniel seul ne s’apercevait de rien. Le lendemain, la roue avait tourné : M. de Mar¬ sal était lugubre ; M. Leſébure était bruyant ; Mme Mi- chaud était si inquiète, qu’elle ne tenait plus sur sa chaise, et Daniel voyait surgir des chaînes de monta¬ gnes entre lui et ses quinze cents francs. « Qu’attend-il pour se déclarer? » disait Victorine. Elle avait soin de défaire tous les bouquets que le jar¬ dinier apportait dans la chambre, et elle les froissait avec dépit, après s’ètre assurée qu’ils ne contenaient point de billet. La nuit, elle passait des heures à sa fenêtre, dans l’attente d’une sérénade. Si une gondole était venue par terre jusqu’au grand escalier du ch⬠teau ; si elle en avait vu descendre deux rebecs, un hautbois et une viole d’amour ; si des négrillons, vêtus de satin rouge, avaient servi devant elle une collation de fruits d’Italie et quelques bassins d’oranges de la Chine, un tel phénomène l’aurait moins étonnée que le silence miraculeux de Daniel. Un soir, entre onze heures et minuit, par un temps doux e\ amoureux, elle entendit une magnifique voix de basse qui chantait dans les allées du parterre. Elle était trop éloignée pour distinguer les paroles, mais la musique, qu’elle ne connaissait pas, lui parut étrangement rêveuse et mélancolique. Elle se pen¬ chait derrière ses jalousies pour écouter d’un peu plus près, lorsque Mme Michaud entra dans sa chambre.