Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE BUSTE. 189 3* m m M í íí Lorsqu’elle reparut, appuyée sur le bras de Daniel, M. Leſébure et M. de Marsal se promirent de surveil¬ ler de près ce jeune intrus qui circonvenait la tante et qui vaguait en tète à tète avec la nièce. Mme Michaud quitta le boston et dit à intelligible voix : « Demain, après déjeuner, nous commencerons mon buste dans le salon que voici. Qui m’aimera y viendra. » « Madame.,., » dirent les deux prétendants, tout d’une voix. Ce soir-là, Daniel trouva sa chambre moins belle, ses meubles moins élégants, et son lit moins confor¬ table qu’il ne l’avait jugé à première vue. C’est que son gousset était vide. L’homme est ainsi bâti : point d’argent, point d’illusions. Voilà pourquoi les pauvres sont moins heureux que les riches. Le lendemain il se leva à huit heures et partit pour Paris avec sa montre et sa chaîne. Il se garda bien d’aller dire à sa mère comment il avait joué au whist et combien il avait perdu : un tel aveu ne lui aurait rien rapporté qu’une remontrance de dignité pre- Y mière. Il s’adressa de préférence à un commission¬ naire du mont-de-piété, qui lui prêta 200 francs sans explications, sans reproches et sans conseils. D’ail¬ leurs, à quoi servait une montre au château de Gué¬

blan ? Il y avait cinquante pendules et une horloge ! Cette horloge sonnait midi lorsqu’on se mit à table pour le déjeuner. Les convives de la veille étaient par¬ tis, et il ne restait plus que les hôtes du château,