12 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. que son élève, qui avait été refusé quatre ou cinq fois, fut reçu le 18 août, au commencement des va¬ cances. C’est alors seulement que es deux frères se mirent en route pour la Bretagne. Avant de partir, Mathieu me remit cinquante francs. « Je serai absent cinq semaines, me dit-il ; il faut que je revienne en octobre, pour la rentrée des classes et pour les exa¬ mens de la licence. Tu iras à la poste tous les lundis, et tu prendras un mandat de dix francs, au nom de Mme Bourgade : tu connais l’adresse. Elle croit que c’est un débiteur de son mari qui s’acquitte en détail. Ne te montre pas dans la maison : il ne faut pas éveiller les soupçons de ces dames. Si l’une d’e ;es tombait malade, le Petit-Gris viendrait t’avertir, et tu m’écrirais. » Je vous l’avais bien dit, qu’on ne lisait que de bons sentiments dans les petits yeux gris de Ma¬ thieu. Pourquoi n’ai-je pas conservé la lettre qu’il m’écrivit pendant les vacances ? Elle vous ferait plai¬ sir. Il me dépeignait avec un enthousiasme nais la campagne dorée par les ajoncs, les pierres druidiques de Carnac, les dunes de Quiberon, la pèche aux sar¬ dines dans le golfe, et la flottille de voiles rouges qui récolte les huîtres dans la rivière d’Auray. Tout cela lui semblait nouveau, a]très une longue année d’ab¬ sence. Son frère s’ennuyait un peu en songeant à Paris. Pour lui, il n’avait trouvé que des plaisirs. .Ses parents se portaient si bien ! L’oncle Yvon était si
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