8\tLES\tJUMEAUX\tDE\tL’HÔTEL\tCORNEILLE. mois de juillet 1849. Mathieu se sentit glacé jusqu’au fond des os en entrant dans la rue '1 raversine. C’est une rue dont je ne veux pas dire de mal, car elle sera démolie avant six mois. Mais en attendant, elle ressemble un peu trop aux rues de Constantinople. Elle est située dans un quartier de Paris que les Pa¬ risiens ne connaissent guère; elle touche à la rue de Versailles, à la rue du Paon, à la rue de la Montagne- ■ Sainte-Geneviève ; elle est parallèle à la rue Saint- Victor. Peut-être est-elle pavée ou macadamisée, mais je ne réponds de rien : le sol est couvert de paille ha¬ chée, de débris de toute espèce, et de marmots bien vivants qui se roulent dans la boue. A droite et à gau¬ che s’élèvent deux rangs de maisons hautes, nues, sales et percées de petites fenêtres sans rideaux. Des haillons assez pittoresques émaillent chaque façade, en attendant que le vent prenne la peine de les sécher. La rue de Rivoli est beaucoup mieux, mais le Petit- Gris n’avait pas trouvé à louer rue de Rivoli. Il nous raconta sa misère : il gagnait un franc par jour. Sa femme tressait des paillassons et gagnait de cinquante à soixante centimes. Leur logement était une chambre au quatrième ; leur parquet, une couche de terre bat¬ tue ; leur fenêtre, une collection de papiers huilés. Je tirai de ma poche quelques bons de pain et de bouil¬ lon. Le Petit-Gris les reçut avec un sourire légère¬ ment ironique. « Monsieur, me dit-il, vous me pardonnerez si j e
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